Publié : 14 janvier 2010

Le rayon de soleil

Le rayon de soleil

Par Lilia Vernhet

C’était en 1982 que ce mystère eut lieu. Il était tôt ce matin quand j’entendis frapper à la porte de l’appartement. Mon ami était en train de prendre son petit déjeuner. Il alla ouvrir, une femme en pleurs était sur le pas de la porte. Sherlock Holmes la fit entrer et s’asseoir sur un fauteuil. Elle était grande, brune et semblait très attristée. Ses vêtements montraient qu’elle était riche, son nez pointu et sa bouche pincée lui donnaient un air strict.

« -Bonjour, Mr Holmes, dit-elle entre deux sanglots, je suis Mme Cristley et je viens vous parler de la mort de mon mari.

-Je vous écoute, que s’est-il passé ? interrogea mon ami.

-Mon mari possédait une écurie de chevaux de courses. Il y a une semaine, la plus grande course de l’année avait lieu. Dans ce grand prix, le cheval favori était un des pur-sang de mon époux. Malheureusement, il a perdu cette course. Deux hommes ont misé beaucoup d’argent sur ce cheval, l’un était un très bon ami à mon mari, l’autre un inconnu de passage assez renfermé.

-Vous soupçonnez donc cet homme du meurtre de votre mari ? déduisit Holmes. -Oui, répondit Mme Cristley, mon mari disait que ce pur-sang allait gagner ; ces deux hommes lui ont fait confiance. Le soir, après la course, quand je retournais dans ma maison, mon mari était déjà rentré depuis une bonne heure. Lorsque j’ouvris la porte de notre chambre, je le vis sur son fauteuil, il était mort, dit-elle en larmes.

-Je vois Mme Cristley, à quelle heure êtes-vous rentrée chez vous ? questionna le détective.

-Vers sept heures pour préparer le dîner.

-Votre mari n’avait pas eu de conversations musclées avec cet inconnu ou son bon ami ?

-Pas que je sache, répondit la femme de la victime en essuyant ses larmes. Si cela peut vous être utile, l’inconnu, qui se nomme Mr Eliot, est parti de l’hippodrome avant mon mari.

-Merci madame, je crois que j’ai assez d’indices pour commencer à résoudre ce mystère.

-Au revoir Mr Holmes.

-Au revoir, répondit mon compagnon, j’espère vous revoir bientôt ; au fait quelle est votre adresse ?

-203 Blue Street à Londres, répondit Mme Cristley. »

Après ces mots, elle s’en alla. Holmes et moi commencèrent à réfléchir à l’énigme. Cela faisait trois jours que Mme Cristley était venue nous voir quand mon ami se décida à aller sur le lieu du crime. Le quartier était chic et de grandes maisons bordaient la rue. Celle de Mr et Mme Cristley était une des plus grandes de la Blue Street. Elle comportait un rez-de-chaussée et un étage, la cuisine se trouvait à gauche de la porte d’entrée avec le salon. Les chambres et la salle de bain étaient au premier étage.

« -Bonjour, dit Mme Cristley.

-Bonjour madame, répondis-je pendant que mon ami inspectait les lieux, pouvez-vous nous conduirent dans la chambre ?

-Suivez moi, répondit celle-ci. »

Nous entrâmes dans la maison et montâmes les escaliers.

« -Voilà, c’est ici, annonça la veuve.

-Merci, répondit Sherlock Holmes, laissez nous inspecter les lieux seuls s’il vous plait.

-D’accord, je vous laisse, dit-elle en fermant la porte derrière elle. »

Mr Cristley était immobile sur son fauteuil, les bras ballants de chaque côté des accoudoirs. Il avait dû être étranglé car sa cravate était serrée autour de son cou ensanglanté. Ses yeux étaient vitreux et ses mains crispées. A coté de la porte, il y avait un morceau de plastique déchiqueté. Mon ami l’examina minutieusement. Sur le tapis, il y avait un cheveu blond et long. Après avoir examiné le moindre recoin de la pièce, Holmes et moi rentrâmes chez nous. Dès que mon compagnon eut fini de fumer sa pipe, je lui demandai :

« -Que signifie ce morceau de plastique déchiré ?

-Je pense que le meurtrier a mis des gants en plastique avant d’étrangler Mr Cristley, proposa Holmes avec un grand sang froid.

-Mais le cheveu blond d’une femme sur le tapis ?

-Je ne sais pas et cela me perturbe… me répondit Holmes tout en réfléchissant. »

Ce matin, nous reçûmes un coup de téléphone. Mme Cristley nous invitait à déjeuner. Cela tombait bien puisque Holmes avait décidé de lui rendre visite. Au moment où elle ouvrit la porte, mon ami eut un rictus de victoire…

« -Bonjour, dit Mme Cristley en nous invitant à rentrer dans la maison.

-Bonjour, répondit Holmes.

-Quelle belle journée, fit remarquer la femme du défunt en observant le soleil.

-Idéale pour discuter, ajouta Holmes »

Le repas qu’elle nous servit était copieux. Mme Cristley ne participa pas beaucoup à la discussion, elle avait l’air préoccupée. Dès que le repas fut fini, nous rentrâmes à l’appartement.

« -Pourquoi avez-vous souri quand Mme Cristley a ouvert la porte ? demandai-je

-Vous êtes un bon observateur Watson.

-Merci, mais j’attends toujours ma réponse, lui rappelai-je.

-Mon cher ami, je crois que j’ai trouvé la clé de notre mystère, répondit Sherlock Holmes »

J’avais beau tourner le problème dans tous les sens, je ne comprenais pas. Le lendemain, Holmes appela la police et lui expliqua les faits. J’allais avec lui assister à l’arrestation du coupable. Mon compagnon n’avait pas voulu me dévoiler le nom du meurtrier. Quand nous arrivâmes chez Mme Cristley, trois voitures de police étaient garées et la femme se trouvait déjà dans l’une d’elles, menottée. Je regardais Holmes d’un air ahuri.

« -Je vais vous expliquer Watson, dit mon ami. Mme Cristley en avait assez que son mari rentre tard ; qu’il ne s’occupe que de ses affaires professionnelles. Mais en travaillant dur, Mr. Cristley gagnait beaucoup d’argent qu’elle voulait posséder seule, le couple n’a pas d’enfants, déclara Holmes.

- Mme Cristley a profité que le pur-sang ait perdu pour mettre sur le dos de l’inconnu le meurtre de son mari ! affirmai-je.

- Exactement, répondit Holmes, vous n’avez peut-être pas remarqué mais le cheveu blond trouvé sur le tapis appartient bien à Mme Cristley. J’ai vu au soleil qu’elle s’était fait une couleur, les racines de ses cheveux sont blondes. »

Je compris alors le fin mot de cette histoire.

FIN

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