Publié : 9 janvier 2010

Le doigt vers le nord

LE DOIGT VERS LE NORD

par Valentine Teissedre

Cette histoire est la plus sanglante de toutes celles que mon ami Sherlock Holmes eut à résoudre. Un soir vers 10 heures, alors que je dinais seul, le téléphone sonna. C’était un inspecteur de police avec un léger accent français. « - Allo !
- Bonsoir, suis-je bien chez le célèbre détective Sherlock Holmes ?
- Oui, que puis-je faire pour vous ?
- Je m’appelle Jean Larosière et je suis inspecteur de police. Serait-il possible de lui parler ?
- Non, je suis désolé, il n’est pas disponible et il….
- Dites lui que c’est très grave !
- Ne raccrochez pas, je vais voir si je peux le déranger »

Je me précipitai vers la chambre de mon ami et tambourinai à la porte, si fort que je me fis mal aux mains. « -Watson ! Je vous avais demandé de ne me déranger sous aucun prétexte ! » cria Sherlock Holmes énervé. Que se passe-t-il ? 
- Un certain inspecteur Larosière vous demande, il dit que c’est urgent !
- Bon très bien ! passez-le moi. »

Je partis en trombe vers le téléphone et lui passai la communication dans sa chambre. Il en ressortit quelques minutes plus tard. « - Alors ! » demandais-je 
- Un meurtre a été commis et l’inspecteur a besoin de moi le plus vite possible. Nous partons demain à la première heure pour la France.
- Vous pouvez compter sur moi, mais d’abord expliquez-moi tout.
- Une jeune femme a été retrouvée morte chez elle par sa femme de ménage ce matin. Elle était allongée sur le ventre, il n’y avait aucune trace de sang sur ses vêtements mais le tapis, lui, en était imprégné. Bref, cela risque de durer longtemps. Allons nous coucher, m’expliqua t-il ! »

Le lendemain matin, Sherlock Holmes vint me réveiller vers 5h30. Je m’habillai en vitesse, pris ma valise et rejoignis mon ami dans la voiture. Nous nous rendîmes à l’aéroport et avons pris le premier avion pour la France. Après 2h de vol, l’engin se posa tranquillement sur la piste d’atterrissage. Nous vîmes l’inspecteur nous faire de grands gestes. Quand nous nous approchâmes il nous dit soulager de nous voir : « - Bienvenue en France ! 
- Merci !
- Bon, nous n’avons pas de temps pour la rigolade, dit mon ami toujours aussi sérieux.
- Vous avez raison ! approuva l’inspecteur, suivez moi et dépêchez vous, ce n’est pas tout près. »

Pendant que nous marchions l’inspecteur expliqua l’affaire en détail à Sherlock Holmes : « - Quand la femme de ménage nous a appelés, elle nous a dit qu’il n’y avait pas de lumière et la porte était fermée à clé.
- Mais nous sommes en été, la fenêtre pouvait être ouverte et le meurtrier aurait pu sortir par là, constata mon ami.
- Vous êtes époustouflant ! dit l’inspecteur suffoqué, sans même avoir vu la scène de crime, vous avez deviné ! Voilà c’est ici, nous prévient l’inspecteur Larosière, nous n’avons pas touché la scène de crime. »

Nous entrâmes dans une pièce sans éclairage rien que la lueur du jour à travers les rideaux. « - Quand vous êtes arrivés, est-ce que la pièce était dans cette état ?
- Non, toutes les lumières étaient allumées et les rideaux fermés, répondit l’inspecteur.
- Et vous n’avez pas cherché à les ouvrir ? interrogea Sherlock
- Non pourquoi ?
- Regardez derrière il y a une ombre bizarre, dit Sherlock Holmes en s’approchant de la fenêtre. »

Quand il tira les rideaux, il fit un tel bon en arrière que je pensais qu’il avait reçu une décharge électrique. « - Oh mon dieu ! C’est horrible !
- Qu’y a t- il ? Questionnais-je 
- Pouvez-vous retourner le corps et allumer toutes les lumières ? demanda mon ami à notre intention. »

Je me précipitai vers l’interrupteur et allumai la lumière. Quand l’inspecteur retourna le corps, nous vîmes un visage magnifique. Mais ce qu’il l’était moins c’était sa main droite qui avait disparu. « - Mais où est sa main ? Demandais-je
- Et bien, elle se trouve sur le rebord de la fenêtre, me répondit mon ami.
- Mais qu’a-t-il pu se passer, questionna l’inspecteur.
- Je pense que l’assassin, après avoir tué la victime et laissé son corps se refroidir, est revenu lui couper la main. Puis il l’a placé là où nous l’avons trouvé en prenant bien soin de tendre l’index vers le nord ; curieux, non ? »

Sherlock Holmes se pencha sur la victime et s’y intéressa de plus près. Il nous fit remarquer qu’elle portait un pull trop large et trop propre. Avec l’aide de Larosière il souleva le corps. « - Watson, pouvez-vous lui enlever son pull, s’il vous plait ? »

Je m’exécutai et nous découvrîmes un trou qui traversait son abdomen. Soudain la femme de ménage surgit dans la pièce et nous scruta les uns après les autres. « - Qui êtes vous et que faites vous ici ? Demandais-je
- Je suis la femme de ménage et je venais nettoyer
- Vous êtes censée savoir, madame, qu’on ne nettoie pas une scène de crime, rétorqua l’inspecteur. » Elle se retourna et partit sans dire un mot.

Sherlock Holmes qui était perdu dans ses pensées, nous regarda enfin et nous dit : « - Que pensez-vous d’elle ? »
- Elle a un air bizarre et puis, vouloir faire le ménage, je pense que c’est du pipeau !
- Connaissez-vous son adresse, inspecteur ?
- Oui, je vous y emmène tout de suite »

Nous partîmes rapidement vers la demeure de cette femme. Nous frappâmes à la porte mais personne ne vint ouvrir. Quand soudain j’eus une idée. « - Tout à l’heure elle est entrée avec une idée derrière la tête, dis-je et nous l’avons surprise, elle ne s’attendait pas à nous voir.
- Et alors ?
- Elle a peut être attendu dehors que nous sortions pour accomplir son projet. »

Nous repartîmes vers le lieu du crime et cherchâmes un indice ou une trace qu’elle aurait voulu faire disparaître. Soudain mes yeux furent attirés par un papier qui dépassait d’un tiroir. Surprise ! C’était un testament qui indiquait que la victime léguait une partie de sa fortune à sa femme de ménage et l’autre à un certain Jacques Sonne. Il y avait aussi une photo déchirée en son milieu qui représentait, sur la partie droite, la victime et sur la partie gauche, un homme. Derrière la photo était écrit "Août 1957, Floride avec Jacques". « - Cher ami, j’ai trouvé des indices et un deuxième suspect qui pourrait vous intéresser !
- Un deuxième suspect ! Donnez-moi son nom, nous allons lui rendre visite. »

Nous apprîmes qu’il séjournait dans un hôpital psychiatrique, où Sherlock et moi nous rendîmes immédiatement. Arrivés sur place, nous demandâmes à l’interroger. Jacques Sonne nous expliqua qu’après que la victime l’ait quitté, il fit une grave dépression (ce qui lui faisait un deuxième mobile). Il rajouta qu’il ne l’avait pas vu depuis cinq mois. Quand nous retrouvâmes l’inspecteur sur les lieux du crime il nous informa qu’il avait trouvé sur le bureau de la victime une boite de médicament. Sherlock resta quelques instants silencieux, ce qu’il faisait tout le temps quand il était sur le point de trouver la solution. « - Mon cher Watson retournons vite à l’hôpital avant que M. Sonne ne s’échappe.
- Pourquoi ? Vous le soupçonnez ?
- Oui ! Allons-y je vous expliquerais sur le trajet. »

L’inspecteur prit le volant et Sherlock s’assit à coté de lui. « - Alors, pourquoi le soupçonnez-vous ? demanda Larosière
- Vous êtes tous d’accord que le testament l’intéresse ?
- Certes, mais la femme de ménage aussi, déclarais-je
- Oui ! Mais le seul endroit où l’on peut se procurer ce médicament trouvé par l’inspecteur est un hôpital psychiatrique. De plus, il nous a dit qu’il n’avait pas vu la victime depuis cinq mois, ce qui est faux puisque nous sommes en Novembre et que la photo retrouvée chez elle datait du mois d’Août dernier, ce qui ne fait que trois mois, affirma Sherlock Holmes
- Que signifie la main sur la fenêtre ?
- C’est élémentaire mon cher Watson ! Le doigt est pointé vers l’hôpital. L’assassin a voulu nous donner un indice de l’endroit où il se trouvait, ce qui est typique de l’état dans lequel il se trouve, déclara mon ami. »

A notre arrivée à l’hôpital nous demandâmes au directeur si nous pouvions voir M.Sonne. Quand Jacques Sonne nous vit entrer dans sa chambre, il sembla comprendre ce qui l’attendait, et nous n’eûmes aucune difficulté à l’amener au commissariat où il craqua et avoua son crime.

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